mercredi 2 août 2017

La colonisation en Calédonie : Un crime contre l’humanité ?

Emmanuel Macron a déclaré en février 2017 que la colonisation était un crime contre l’humanité. Même s’il répondait à une question d’un journaliste algérien, il n’y a aucune raison de penser que cette phrase s’appliquerait moins à la Nouvelle-Calédonie qu’à l’Algérie.
A l’heure actuelle, la notion de crime contre l’humanité est associée à la notion de génocide.
En Tasmanie, il y a eu vraiment un génocide organisé des aborigènes. On peut donc dire que la colonisation de l’Australie a été un crime contre l’humanité. Comme il n’y a pas eu de génocide envers les Kanaks, on ne peut pas parler de crime contre l’humanité, par contre, on pourrait parler d’attentats contre l’humain comme Jean Jaurès.

La prise de possession de la Nouvelle-Calédonie l’a été par la force, par la guerre. La guerre est un crime ordinaire des peuples. Avant l’arrivée des européens les Kanaks se faisaient constamment la guerre. Après la prise de possession par la France, ces guerres n’ont pas cessé et l’administration coloniale restait assez indifférente. Par contre, si un européen était tué, une expédition punitive était organisée, le plus souvent avec l’aide de certaines tribus Kanakes. Il y avait un double but, d’une part la punition exemplaire devait être dissuasive, d’autre part c’était l’occasion de confisquer les terres des tribus dont certains membres avaient participé au meurtre d’un européen. C’est en partie ainsi que l’administration coloniale a obtenu les terres qu’elle a redistribué aux colons.
A coté de ces crimes ordinaires, il y a eu le régime de l’indigénat, qui est vraiment un crime contre l’humain car c’est celui d’une vision raciste de l’humanité. Il y avait d’un coté la race supérieure, la race blanche et d’un autre coté les races inférieures, celle des indigènes colonisés.
Juridiquement, cette vision raciste s’est traduite par le code de l’indigénat. C’est un document qu’il faut absolument avoir lu. On y détaille les droits et devoir des indigènes, par exemple le droit de circuler était réglementé. Pratiquement, sauf exception, les Kanaks n’avaient pas le droit se sortir de leur tribu. Ils devaient, à l’administration coloniale, un certain nombre de jours de travail gratuit. On comprend bien, à travers ce document, que les indigènes font partie d’une race inférieure.

Le code de l’indigénat a été abrogé en 1946 et les kanaks sont devenus des citoyens français comme les autres avec les mêmes droits de vote. Il n’y a pas eu un collège électoral particulier pour les kanaks.
En Afrique noire et en Algérie, le code de l’indigénat a également été abrogé mais les indigènes ne sont jamais devenus des citoyens français comme les autres. En Afrique noire, il était évident que les indigènes n’avaient pas vocation à devenir des citoyens français. C’est pourquoi, la question de l’indépendance ne s’est pas vraiment posée. Il était clair, pour tout le monde, que ces colonies devaient, à terme, devenir des états indépendants. La seule question qui se posait était celle de l’organisation de cette indépendance.
En Algérie la situation était plus ambiguë. Il y eu un collège électoral propre aux indigènes et ces indigènes n’ont jamais eu la nationalité française. Cette situation reflétait l’indécision de la France. Beaucoup de Français, voulaient que l’Algérie fasse partie de la France, mais la majorité ne voulait pas que les algériens musulmans deviennent des citoyens français.
Finalement, la seule solution raisonnable l’a emporté : celle de l’indépendance. Si on avait écouté les partisans de l’Algérie Française et que l’on avait accordé la nationalité française à tous les Algériens, il y aurait aujourd’hui plus de français musulmans que de français chrétiens. On aurait, une frontière immense, celle de l’Algérie par laquelle tous les migrants d’Afrique pourraient entrer en France.
Il faut également dire que les bienfaits de la colonisation en Nouvelle-Calédonie, ont été immenses. La paix, l’éducation, la santé, le confort et surtout les valeurs modernes comme l’égalité entre hommes et femmes et la démocratie ont été apportés en Calédonie en même temps que la colonisation.
La colonisation est bien terminée mais les séquelles sont bien présentes.
La répartition des terres entre les Kanaks, les descendants de colons et le domaine public (états, provinces, communes) est une de ces séquelles.
Le fait qu’il subsiste un régime de droit coutumier, réservé aux seuls Kanaks, est également une séquelle de cette colonisation.
Je reviendrais dans d’autres articles sur chacun de ces 2 points, car ils méritent chacun un développement plus important.

Pour finir, un avis sur le rôle de la France dans la colonisation n’implique aucun jugement moral sur les français d’aujourd’hui. Chacun est responsable de ses actes et seulement de ses actes. De même qu’un allemand d’aujourd’hui n’est pas responsable de ce qu’a pu faire l’Allemagne nazie, un Français d’aujourd’hui n’est pas responsable de la rafle du Vél d’Hiv ou de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie, ni de ses aspects positifs, ni de ces aspects négatifs.

Christian Bernardi

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