mercredi 7 février 2018

Emmanuel Macron, la Corse et la Nouvelle-Calédonie

Je voudrais saluer le discours que vient de faire d’Emmanuel Macron à Bastia. C’est un très grand discours. L’intégralité du discours se trouve ici : https://www.youtube.com/watch?v=Tqj67C8a-SY

Tout est dit, et très bien dit. Le président de la République a dit ce qui est possible de faire pour que la Corse reste dans la République française, essentiellement une large autonomie, la mention de la Corse dans la constitution et surtout ce qui est impossible de faire : un statut de résident Corse.
« Je dois être très clair : la mise en œuvre d’un statut de résident serait contraire à notre Constitution et à notre droit européen. Créer un nouveau statut de résident suppose de sortir de la République et de l’Europe. C’est une impasse juridique »

Sur les finances locales, il a dit :
"Une liberté pourrait être donnée à la Corse de mettre en oeuvre de nouvelles taxes locales dans le cadre de l’évolution institutionnelle que j’appelle de mes vœux, mais là aussi nous devons être lucides : Plus il y aura de fiscalité transférée moins il y aura de dotations. Etre autonome, c’est assumer ce choix. Comment souhaiter une autonomie fiscale et, en même temps demander encore plus à la solidarité nationale ? Comment vouloir que la ressource fiscale soit affectée à un territoire et demander la solidarité nationale pour la dotation ? Ça n’existe pas. Je ne connais pas de finances magiques. Il n’y a pas de République magique non plus. Il faut que nous soyons collectivement conséquents. Si des formes de fiscalités locales peuvent être imaginées, elles iront avec des baisses de dotations parallèles. On ne peut pas souhaiter que le produit des impôts en Corse reste en Corse, et ne pas garantir la même chose à d’autres régions."

J’étais inquiet pour la Corse, territoire que j’aime pour y avoir passé de nombreuses vacances et qui est à l’origine de ma famille. Me voilà rassuré.
Par contre, je ne suis toujours pas rassuré pour la Nouvelle-Calédonie.
Il est extrêmement probable que la pleine indépendance ne soit pas acquise à l’issue des référendums. Il faudra pourtant sortir du statut actuel qui est contradictoire et transitoire.

Emmanuel Macron aura la lourde tache de dire : « Je dois être très clair : le maintien d’un statut de citoyen Calédonien serait contraire à notre Constitution et à notre droit européen. Maintenir ce statut de citoyen Calédonien suppose de sortir de la République et de l’Europe. »

La question que l’état français devrait poser par référendum (après les référendums sur les compétences régaliennes), est celle-ci « Voulez-vous maintenir le statut de citoyen Calédonien, la protection de l’emploi local et abandonner la citoyenneté française et européenne ? »
Emmanuel Macron n’est pas responsable du statut actuel de la Nouvelle-Calédonie mais il est le président qui accompagnera la sortie de l’accord de Nouméa, c’est-à-dire la sortie du statut ambigu de la Nouvelle-Calédonie. On connaît la maxime du cardinal de Retz : «On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment. »

C’est pourquoi je souhaite beaucoup de courage à Emmanuel Macron et beaucoup de courage et de lucidité aux Calédoniens.

Christian Bernardi