mercredi 22 mai 2024

La faillite de l’état français et le triomphe de la violence.

 La gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a en charge toutes les compétences d’un état (éducation, santé, etc..) sauf les compétences régaliennes (justice police, armée et affaires étrangères). Les trois référendums portaient uniquement sur ces compétences. Fallait il les laisser à la France ou les transférer à la Nouvelle-Calédonie ? Les Calédoniens ont voté pour dire que ces compétences devaient continuer à être assumées par l’état français. Or on assiste depuis 10 jours maintenant au saccage de la Calédonie, sans réponse de l’état. 

La plupart des entreprises, des écoles, des magasins, des centres médicaux ont brûlé. L’hôpital est inaccessible. Les émeutiers ont érigé des barrages. Une de mes connaissance a voulu aller voir sa mère de 88 ans et il devait passer un barrage. Sa voiture a été inspectée par les émeutiers qui lui ont dit « Enculé de bâtard de blanc, baisse les yeux quand tu nous parles ». Il est reparti vivant et sa voiture n’a pas été confisquée. Il peut s’estimer chanceux. Maintenant, il passe ses nuits, à l’entrée de son quartier pour empêcher l’intrusion des émeutiers. Au début, le Haussaire disait à ceux qui défendent l’accès de leurs quartiers de laisser faire les forces de l’ordre, maintenant les gendarmes remercient ces personnes car ils avouent ne pas être en capacité d’empêcher les émeutiers d’entrer. Dans le grand Nouméa, seul le centre-ville de Nouméa est épargné à cause de ces habitants qui restent éveillés la nuit, mais les industries, ne sont pas là, elles sont à la périphérie. A Ducos, les industries et magasins brûlent continuellement. Les forces de l’ordre sont totalement absentes. Les habitants ont peur qu'après les entreprises se soient les maisons qui brûlent. Les denrées alimentaires sont au port mais ils ne peuvent pas arriver dans les magasins qui n’ont pas encore brûlé. Dans le centre-ville, on est rationné mais globalement cela se passe bien. Il m’a fallu 40 minutes de queue pour obtenir des médicaments dans une pharmacie, mais ceux qui habitent la banlieue n’ont plus accès ni aux médicaments, ni au médecin, ni à l’hôpital, ni aux centres de dialyse.

On a vu des blindés dégager les 60 barrages qui étaient sur la route de l’aéroport. Une journée plus tard, ils étaient reconstruits.

Depuis que l’armée est mise à contribution, rien n’a changé. Cela continue à brûler.

C’est une guerre et l’état continue à traiter ces émeutiers comme ils le ferait pour des manifestants. Je crois que la consigne, de part et d’autre, est « pas de morts ». C’est certain que 6 morts, c’est très faible.

Et c'est donc une réussite de ce point de vue, mais ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se trouvent sans travail et la peur au ventre. Tout le monde veut fuir, même certains Kanaks, même les fonctionnaires, car cette insécurité ne cessera jamais. Mais comment fuir en laissant un appartement ou une maison avec souvent un emprunt en cours? Impossible de vendre car il n’y a pas et il n’y aura jamais plus d’acheteurs.
De toutes façons, l’économie est détruite et plus personne ne voudra investir en Calédonie. Les commanditaires des émeutiers vont gagner, mais toute la population Calédonienne y compris les Kanaks aura perdu.

L’état a complètement failli dans sa mission d’assurer l’ordre, mais le plus grave c’est qu’il n’a pas les moyens de rétablir l'ordre. Le seul moyen de rétablir l'ordre, ce serait de traiter ces émeutiers comme des ennemis. Cela implique de faire des milliers de morts ou au moins des centaines. Aucun gouvernement ne veut endosser cette responsabilité. Donc les forces de l’ordre ont pour consigne d’éviter le contact et de ne tirer à aucun prix, même en cas de légitime défense. Le plus sûr c’est d’éviter soigneusement les points chauds comme Ducos où elles n’ont jamais mis les pieds. Le plus simple, c’est de rester dans les véhicules blindés et de nettoyer inlassablement des barrages sur la route de l'aéroport.

Christian Bernardi

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