La démocratie représentative est un régime fragile. On n’y emprisonne personne pour ses opinions. En retour, la violence pour défendre ses opinions ne peut y être tolérée. La seule arme tolérée est le bulletin de vote. Je considère que toute personne qui justifie la violence pour quelque raison que ce soit met en péril cette démocratie. C’est ma boussole principale aujourd’hui. C’est à cette lumière que je vote pour les uns ou les autres ou plutôt contre les uns et les autres.
Or, cette justification de la violence s’est banalisée. Aujourd’hui, en France, c’est LFI qui se distingue, notamment par le soutien aux émeutes urbaines à la suite de la mort de Nahel. Certains écologistes avec leur soutien aux manifestations violentes ne sont pas mal non plus. Hier, le FN et LFI apportaient leur soutien à différents mouvements insurrectionnels comme celui des gilets jaunes.
Aujourd’hui, je considère que le parti le plus dangereux pour la démocratie est LFI. Il est encore plus dangereux que le RN. Si, aujourd’hui, je devais choisir entre un candidat LFI et un candidat FN, je ne m’abstiendrais pas, je voterais pour le candidat FN.
En Nouvelle-Calédonie, nous avons la CCAT qui commet des actions violentes et qui met ouvertement en péril la démocratie. L’UC qui a créé la CCAT est sortie de la démocratie. Le reste du FNLKS combat très modérément ces violences et est donc vraiment limite. On assiste à une justification des violences vraiment insidieuse qui consiste à renvoyer à l’État la responsabilité de la violence. J’ai entendu Philippe Gomès reprendre sans sourcilier les arguments des indépendantistes. Non, l’État n’a commis aucun incendie, ni aucune exaction. Dire que l’État a essayé de faire passer une loi qui ne plaît ni aux indépendantistes, ni à Philippe Gomès et que cela justifie les violences est totalement inacceptable. C’est comme un mari violent qui justifie qu’il a battu sa femme parce qu’elle l’a énervé. Je le répète, en démocratie, rien ne justifie la violence. La seule violence justifiable est celle des forces de l’ordre pour faire respecter la loi.
La principale chose que l’on peut reprocher à l’État, c’est de ne pas être suffisamment efficace pour rétablir l’ordre. Oui, l’État est très lent pour rétablir l’ordre. Les gendarmes ont le droit de tirer sur les émeutiers que s’ils sont en légitime défense. Dans la pratique, c’est extrêmement difficile de respecter cette règle. Par exemple, si un émeutier tire sur un gendarme et part immédiatement en courant, que se passe-t-il si l’émeutier est touché dans le dos ? Il sera prouvé que le gendarme tireur n’était pas en légitime défense puisque l’émeutier ne lui faisait plus face. Dans ces conditions, le nombre de tirs venant des émeutiers est beaucoup plus important que le nombre de tirs provenant des forces de l’ordre. En plus tout émeutier tué devient un martyr et tout émeutier arrêté un prisonnier politique.
Donc l’État fait ce qu’il peut. C’est facile de dire qu’il le fait mal, mais je doute que Philippe Gomès à la tête d’un gouvernement Calédonien, avec la responsabilité du maintien de l’ordre, aurait fait mieux.
Philippe Gomès, ayant décrété que l’État était le principal responsable des violences en Calédonie, exige que l’État fournisse des milliards d’euros pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie et pour son fonctionnement ultérieur. Il se trouve que l’État a une vision très différente de celle de Philippe Gomès. Il considère que les destructions en Nouvelle-Calédonie sont le fait des Calédoniens. Il considère que le fait que la Nouvelle-Calédonie autonome soit structurellement déficitaire n’est pas du fait de la France mais des Calédoniens. Il considère que c’est aux Calédoniens de faire les réformes qui permettraient qu’ils soient réellement autonomes financièrement.
Je considère que l’État fait déjà trop en mettant gratuitement au service des Calédoniens, ses forces de l’ordre. C’est aussi l’État qui paye le fonctionnement de la justice, y compris des prisons. Pour moi, il ne devrait pas.
Philippe Gomès devrait comprendre que seul l’État est capable de rétablir l’ordre et de reconstruire la Nouvelle-Calédonie. L’accuser de tous les maux peut conduire les Français non-Calédoniens à décider que le mieux qu’ils ont à faire, c’est de se débarrasser le plus vite possible de la Nouvelle-Calédonie. C’est probablement le but de beaucoup d’indépendantistes. Est-ce aussi le but de Philippe Gomès ?
Si Philippe Gomès croit que l’État est prêt à verser des milliards dans un puits sans fond, il s’illusionne. S’il croit que la meilleure méthode pour obtenir de l’argent des ministres actuels, c’est de les rendre responsables des exactions en Nouvelle-Calédonie, il s’illusionne doublement.
Christian Bernardi
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