dimanche 21 juillet 2024

La violence en démocratie

La démocratie représentative est un régime fragile. On n’y emprisonne personne pour ses opinions. En retour, la violence pour défendre ses opinions ne peut y être tolérée. La seule arme tolérée est le bulletin de vote. Je considère que toute personne qui justifie la violence pour quelque raison que ce soit met en péril cette démocratie. C’est ma boussole principale aujourd’hui. C’est à cette lumière que je vote pour les uns ou les autres ou plutôt contre les uns et les autres. 

Or, cette justification de la violence s’est banalisée. Aujourd’hui, en France, c’est LFI qui se distingue, notamment par le soutien aux émeutes urbaines à la suite de la mort de Nahel. Certains écologistes avec leur soutien aux manifestations violentes ne sont pas mal non plus. Hier, le FN et LFI apportaient leur soutien à différents mouvements insurrectionnels comme celui des gilets jaunes. 

Aujourd’hui, je considère que le parti le plus dangereux pour la démocratie est LFI. Il est encore plus dangereux que le RN. Si, aujourd’hui, je devais choisir entre un candidat LFI et un candidat FN, je ne m’abstiendrais pas, je voterais pour le candidat FN.

En Nouvelle-Calédonie, nous avons la CCAT qui commet des actions violentes et qui met ouvertement en péril la démocratie. L’UC qui a créé la CCAT est sortie de la démocratie. Le reste du FNLKS combat très modérément ces violences et est donc vraiment limite. On assiste à une justification des violences vraiment insidieuse qui consiste à renvoyer à l’État la responsabilité de la violence. J’ai entendu Philippe Gomès reprendre sans sourcilier les arguments des indépendantistes. Non, l’État n’a commis aucun incendie, ni aucune exaction. Dire que l’État a essayé de faire passer une loi qui ne plaît ni aux indépendantistes, ni à Philippe Gomès et que cela justifie les violences est totalement inacceptable. C’est comme un mari violent qui justifie qu’il a battu sa femme parce qu’elle l’a énervé. Je le répète, en démocratie, rien ne justifie la violence. La seule violence justifiable est celle des forces de l’ordre pour faire respecter la loi.

La principale chose que l’on peut reprocher à l’État, c’est de ne pas être suffisamment efficace pour rétablir l’ordre. Oui, l’État est très lent pour rétablir l’ordre. Les gendarmes ont le droit de tirer sur les émeutiers que s’ils sont en légitime défense. Dans la pratique, c’est extrêmement difficile de respecter cette règle. Par exemple, si un émeutier tire sur un gendarme et part immédiatement en courant, que se passe-t-il si l’émeutier est touché dans le dos ? Il sera prouvé que le gendarme tireur n’était pas en légitime défense puisque l’émeutier ne lui faisait plus face. Dans ces conditions, le nombre de tirs venant des émeutiers est beaucoup plus important que le nombre de tirs provenant des forces de l’ordre. En plus tout émeutier tué devient un martyr et tout émeutier arrêté un prisonnier politique. 

Donc l’État fait ce qu’il peut. C’est facile de dire qu’il le fait mal, mais je doute que Philippe Gomès à la tête d’un gouvernement Calédonien, avec la responsabilité du maintien de l’ordre, aurait fait mieux. 

Philippe Gomès, ayant décrété que l’État était le principal responsable des violences en Calédonie, exige que l’État fournisse des milliards d’euros pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie et pour son fonctionnement ultérieur. Il se trouve que l’État a une vision très différente de celle de Philippe Gomès. Il considère que les destructions en Nouvelle-Calédonie sont le fait des Calédoniens. Il considère que le fait que la Nouvelle-Calédonie autonome soit structurellement déficitaire n’est pas du fait de la France mais des Calédoniens. Il considère que c’est aux Calédoniens de faire les réformes qui permettraient qu’ils soient réellement autonomes financièrement. 

Je considère que l’État fait déjà trop en mettant gratuitement au service des Calédoniens, ses forces de l’ordre. C’est aussi l’État qui paye le fonctionnement de la justice, y compris des prisons. Pour moi, il ne devrait pas. 

Philippe Gomès devrait comprendre que seul l’État est capable de rétablir l’ordre et de reconstruire la Nouvelle-Calédonie. L’accuser de tous les maux peut conduire les Français non-Calédoniens à décider que le mieux qu’ils ont à faire, c’est de se débarrasser le plus vite possible de la Nouvelle-Calédonie. C’est probablement le but de beaucoup d’indépendantistes. Est-ce aussi le but de Philippe Gomès ? 

Si Philippe Gomès croit que l’État est prêt à verser des milliards dans un puits sans fond, il s’illusionne. S’il croit que la meilleure méthode pour obtenir de l’argent des ministres actuels, c’est de les rendre responsables des exactions en Nouvelle-Calédonie, il s’illusionne doublement.

Christian Bernardi 


dimanche 7 juillet 2024

Les élections législatives en Nouvelle-Calédonie

Le résultat des élections législatives en Nouvelle-Calédonie m’a surpris. Malgré mes 25 ans de Nouvelle-Calédonie, j’ai du mal à comprendre la mentalité des Calédoniens. Je finis par connaître très bien cette mentalité, mais j’ai toujours autant de mal à la comprendre.

Nous sommes toujours dans une phase de destruction du pays. Le jour même du second tour, il y a eu 7 cars jackings, une personne a été mise en joue avec une arme à feu et déshabillée. https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/mont-dore/crise-en-nouvelle-caledonie-au-mont-dore-le-second-tour-des-legislatives-entache-par-les-car-jackings-1503998.html

Les 2 candidats indépendantistes sont membres de l’UC. La CCAT est une émanation de l’UC et elle est responsable des destructions et des exactions. Le montant des destructions s’élève à ce jour à 265 milliards CFP (2,2 milliards d’euros) et c'est loin d'être fini. Et pourtant, les électeurs ont voté massivement pour les candidats indépendantistes. Ils ont eu ensemble la majorité des suffrages au second tour alors que lors des référendums sur l’indépendance, ils ont été incapables d’approcher cette majorité, malgré un corps électoral beaucoup plus favorable aux indépendantistes.

Pour moi, il y a plusieurs raisons, la première est que le sentiment pour l’indépendance est très solide, plus solide que la peur de la misère. On verra si ce sera toujours le cas quand la misère sera installée en Calédonie. Peut-être aussi que les électeurs indépendantistes n’assimilent pas la CCAT à ces 2 candidats.

Enfin, il y a des électeurs Calédoniens qui sont pour l’indépendance mais qui disent « pas maintenant » comme les l’Eveil Océanien. L’éveil Océanien se situe dans le camp indépendantiste tout en ayant appelé à voter NON aux référendums.

Lors du débat du second tour entre Emmanuel Tjibaou et Alcide Ponga, on avait du mal à distinguer les 2 candidats. D’abord, ce sont deux Kanaks du même âge. Ensuite, ils semblaient d’accord sur tout. Pour les destructions, ils étaient d’accord pour dire que c’était la faute des Calédoniens. Il n’y a eu aucune polémique pour rejeter sur l’autre camp la responsabilité de ces destructions. Ils étaient d’accord pour dire que seul l’état pouvait empêcher le pays de sombrer dans la misère en payant pour la reconstruction du pays. Ils étaient d’accord pour dire que le rôle du député était d’obtenir cet argent. Quand on lui a demandé pourquoi l’état payerait ces destructions alors que la Calédonie est autonome de point de vue financier, Emmanuel Tjibaou a répondu. « La solidarité nationale, ça existe. Nous sommes français, il ne faudrait pas l’oublier ». Alcide Ponga disait la même chose.
J’ai dit que j’ai dû mal à comprendre la mentalité Calédonienne. J’ai peur que les députés Calédoniens n’aient pas encore compris la mentalité des Français de Métropole.

On a demandé avec insistance à ces candidats dans quel groupe, ils siégeraient. Cela n’avait pas l’air de les préoccuper. Alcide Ponga a dit qu’il siégerait à droite, sans plus de précisions et Emmanuel Tjibaou a dit : à gauche. Nous verrons s’il siégera dans le groupe LFI, dans le groupe socialiste ou dans un autre groupe. A cette heure, le député Metzdorf n’a toujours pas dit dans quel groupe, il siégerait, dans le groupe Renaissance, Horizons, LR ou RN. Cela ne préoccupe pas la grande majorité de ses électeurs.